17 décembre 2011

"Le tatouage, toute une histoire" #1

Cet été, assise à la terrasse d’un de mes pubs préférés avec des amis, j’aperçois un jeune homme avec un superbe tattoo dans le cou. “I know who I am and what I want… I believe in … Me ». Je m’écris « Ayééé, j’ai la calligraphie que je voulais pour mon prochain tattoo » Et là, gros silence et début d’un (long) débat, pour ou contre le tattoo avec mes amis.
-Pourquoi te tatouer? Plus tard tu auras des responsabilités et ça va te desservir pour ton futur emploi.
-Tu sais, c’est mal vu. Ça fait gangster et ces gens là sont bizarres en général.
-Euhhh oui mes coco, mais ça sera juste mon 3e tatouage. Jusqu’à preuve du contraire, les deux premiers ne m'ont ni tué ni exclu de la société. La preuve ? Nous sommes encore amis, si je ne m’abuse! Je suis de « ces gens là » comme vous dites…

Je me suis rendue compte que mes amis pourtant super-extra-cool-et-que-j’adore pouvaient avoir des a priori et des préjugés aussi « banals » et « simples » que cela. Je m’explique. Si de telles réflexions m’avaient été faites par mes parents ou d’autres personnes, je n’aurais pas été choquée outre mesure. Mais là, venant de personnes qui se qualifient elles même de « libérées », « non conformistes » et qui sont effectivement ouvertes d’esprits et tolérantes pour 1001 (autres) choses, je suis restée sans voix.
Je me suis alors rappelé d'une phrase de mon cher papa. « La société sait imposer des limites au plus libéré des Hommes.»  #àméditer.

Je ne vais pas faire ma sociologue ou ma psy, encore moins mon experte en tatouage juste parce que j’en ai 3 petits, bien trop discrets sur le corps… Ce reportage est une initiative de toute l’équipe WIVU,  tatoués ou non.
L’idée est de faire connaitre le tatouage en rappelant qu’ au-delà d’être un art qui aujourd’hui se démocratise et est mis en avant de différentes manières, le tatouage est une pratique ancestrale. Une pratique codifiée dans certaines régions du monde et qui perdure à travers des traditions toujours vivantes.




Le tattoo, son histoire

Peu d’historiens ou d’archéologues se sont consacrés aux origines du tatouage. Toutefois, il apparaît que le tatouage existait bien avant J.-C. En 1991, le corps momifié d'un chasseur datant du néolithique a été découvert piégé dans les glaciers des Alpes Italiennes. Un corps datant de 5300 av. J.-C. sur lequel étaient dessinés de petits signes très stylisés et schématiques. A ce jour, il s'agit du plus vieil exemple de tatouage. 


Le tattoo, une identité

Quelques soient ses origines historiques ou géographiques, il n’en reste pas moins que partout où le tatouage se manifeste, il a toujours une dimension socio-culturelle, positive ou négative. Il sert à distinguer les classes sociales, à marquer le passage d'un état à un autre, à identifier les esclaves ou les criminels...

Le tatouage en Polynésie
En Polynésie, la culture du tatouage fait partie intégrante de la société. Les motifs et diverses inscriptions permettaient de définir le rang social de l’individu et son appartenance à un clan. Ils étaient également associés à la virilité, à la richesse et à la beauté de l’individu. Par exemple, un homme ne pouvait pas demander la main d'une jeune fille s'il n'était pas tatoué, parce que considéré comme laid, pauvre ou peu viril.

 

Le tatouage en Asie
La culture du tatouage la plus connue en Asie est celle du Japon où à partir du Ve siècle, tatouer les criminels était une sentence au même titre que leur couper la main ou l’oreille. Au XVIIe siècle, les prostituées se tatouent elles-mêmes le bras, le dos de la main, la poitrine ou le encore visage elles même le corps, afin de devenir plus désirables aux yeux des hommes et d’affirmer leur choix de vie. De ce fait, le tatouage a longtemps été assimilé aux mauvaises mœurs de la société japonaise, au point d’être interdit en 1872, par l'empereur Matsuhito. L’interdiction a bien sûr été levée depuis.  
Le tatouage en Afrique du Nord
Le tatouage en Afrique du Nord serait apparu il y a 3000 ans av. JC. Ces tatouages essentiellement réalisés sur le visage répondaient à des rites. Ils représentaient des assemblages savants de lignes, losanges, croissants, traits et points. Cette pratique très ancienne a aujourd'hui laissé place au tatouage éphémère au henné. Réalisé surtout par les femmes pour son côté esthétique, le tatouage au henné se fait généralement sur les pieds et les mains.


Le tatouage en Afrique sub-saharienne
En Afrique sub-saharienne, le tatouage est essentiellement tribal et effectué par scarifications.
Dans les sociétés traditionnelles, la scarification a toujours eu une portée socio-culturelle.  Les scarifications marquent l’appartenance à une lignée, une ethnie ou encore une place dans une hiérarchie. De même, elles peuvent servir de repère pour signaler une situation définitivement acquise : mariage, exploit guerrier, maternité...
Signes extérieurs de beauté, les scarifications se trouvent le plus souvent sur le visage, sur les pommettes ou encore aux commissures des yeux. Il est de coutume de retrouver dans certains peuples africains des femmes avec des scarifications sur le ventre. Il y a là une volonté de souligner leur rôle de « donneuse de vie ».


Le tatouage en Amérique
Le tatouage est  arrivé en Amérique entre 5000 et 1500 av. JC. Une pratique héritée de l’Asie très répandue notamment chez les Indiens.
Un art associé à la peinture qui remplaçait l'habillement dans certaines tribus et marquait ainsi l’appartenance à un clan, le rang social, les actes guerriers accomplis.
Chez  les "Sioux", en guise de condamnation, on tatouait l'ensemble du visage, du front et du menton.

Le tatouage en Europe
En Europe, le tatouage daterait de 520 av. J.-C., comme le confirme la découverte en 1924 de deux corps en Sibérie dont l'un d'eux avait le bras entièrement tatoué de figures fantastiques (tigre, cerf, aigle et serpent).
Le tatouage peut être associé à quelque chose de positif (Les Romains marquaient les soldats de la légion Romaines d’un aigle et du nom du général) ou de négatif. (En Grèce, ce sont les esclaves qui portaient le nom de leur maître).



Wivu a volontairement choisi de fournir des informations d’ordre général et d’éviter les sujets sensibles tels que les débats religieux,…

4 commentaires:

  1. Très bel article, impartial et instructif

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  2. Bel article. Très intéressant et neutre =)
    Je me questionne: Les scarifications en Afrique subsaharienne, est-il possible que ce soit parce que l'encre est moins visible sur la peau très foncée ? Je n'y avais jamais trop réfléchit en ce sens avant o.o J'ai un ami (noir et tatoué) qui refuse de faire des tatouages en couleur sous prétexte que "ça ne rendrait pas qlq chose de joli"
    C'est indiscret de te demander quels sont tes tatouages déjà effectués *airmignonetadorablequivoudraitbienuneréponsepositive* ?

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  3. Hello Anne-Lise, DÉSOLES de te répondre 1000 ans plus tard, le pire c'est qu'on était sur de l'avoir fait...

    La scarification en Afrique subsaharienne reste avant tout culturelle et n'a rien à voir avec le fait que "l'encre soit moins visible sur les peaux foncées". La preuve: de nombreuses communautés se tatouent des signes tribaux pour marquer des étapes de leur vie...

    Pour ton ami, je le comprend. La pigmentation naturelle de la peau joue beaucoup dans le rendu final d’un tatouage. Tous les cas de figures sont différents, mais c'est vrai qu'il est fortement conseillé pour une peau noire d’opter pour un tatouage à l’encre noire uniquement pour éviter que l'encre de couleur ne vieillisse mal... Après il peut toujours consulter des tatoueurs "experts en peau foncée"

    Et comme j'ai pas pu résister à ton airmignonetadorablequivoudraitbienuneréponsepositive !!! je répond à ta question. J'ai 2 tattoo (bientôt 3) que du lettrage...

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