24 janvier 2012

Une impression de déjà-lu...

Quand Elle dérape...


Une fois n'est pas coutume. Wivu a décidé de pousser un  coup de gueule.
Jusqu'ici, nous avons affiché une neutralité à toute épreuve. Nous choisissons soigneusement nos mots afin de rester neutre et éviter toute polémique. Mais être neutre ne signifie pas être insensible...
Lundi après-midi, alors que la journée touche à sa fin, je surfe sur la toile. Et soudain, je tombe sur le lien suivant: http://www.elle.fr/Mode/Dossiers-mode/Tendance-black-fashion-power-1871996/Un-style-loin-du-streetwear-1872012
Pour bien comprendre ce qui va suivre, il serait préférable que vous lisiez le texte auparavant.
Vous avez fini...? Bien, je poursuis. 

Selon le magazine féminin Elle, il existe un phénomène de mode appelé black-geoisie. Issue de la contraction des termes black et bourgeoisie, ce mot désigne un mouvement qui aurait notamment été favorisé, par l'apparition de vedettes afro-américaines telles que les chanteuses à succès Rihanna, Nicki Minaj, mais aussi et surtout par le couple Obama. En clair, grâce à ces personnes publiques, ceux, qui arborent la couleur ébène, ont changé leur manière de se vêtir. Elles s'habilleraient notamment de façon plus chic. Elles auraient intégré les ❝ codes blancs ❞.
Ce qui frappe, ce ne sont pas tellement ces propos qui reflètent une impression de déjà-lu , mais la facilité avec laquelle ces choses erronées sont présentées comme étant plausibles, voire irréfutables.
Loin de moi l'idée d'invectiver ces personnes qui ont visiblement du rater quelques épisodes de la saga appelée M.O.D.E, mais...codes blancs? De quoi s'agit-il? De qui se moque t-on?

Prétendre que l'accession au pouvoir de Barack Obama et sa femme a eu une quelconque influence sur la vie réelle des personnes dont ils partagent la même couleur est l'un de ces arguments utilisés à maintes reprises, comme une "tarte à la crème" qu'il convient de présenter à tout bout de champ. J'ai beau cherché, mais je peine à voir ce que leur arrivée a pu changer dans mon quotidien. Ah si, mais suis-je bête. Je ne compte plus le nombre de fois où sur un drôle de ton quelqu'un m'a expliqué à quel point cela devait cool d'être noir parce que le président de la première puissance mondiale l'était aussi...
Contrairement à ce qui est affirmé dans ce magazine féminin, la communauté afro expressément visée n'a pas attendu que l'actuel locataire de la Maison Blanche et son épouse fassent leur entrée dans la vie publique pour passer le pas de la porte de ces magasins où le chic et l'élégance, les codes blancspeut-être, siègent en bonne place. 
Nous sommes en 2012. Le magazine Elle vient enfin de se rendre compte que le streetwear n'est pas le seul style que les personnes à la couleur ébène ont intégré. STANDING OVATION. Il était temps non? 
Mais, ce phénomène dont ils parlent n'est pas récent et a toujours été présent. J'en veux pour preuve ces personnes, ces "ombres noires"qui régulièrement arpentent les rayons de magasins, y passent des heures à leur recherche de La pièce à (em)porter. D'autres exemples? Ils sont nombreux. Il suffit pour s'en convaincre de décoller les yeux de son écran d'ordinateur, de se lever de son siège, de ranger son smartphone hors de son champ de vision, de se promener dans les rues. 
Lorsque vous arpentez les rues de n'importe quelle ville et que vous entrez par exemple dans un café, un centre commercial ou encore un restaurant rapide, prenez le temps d'observer ces ombres qui vous ressemblent tant...

"Le sac délicatement posé au niveau de l'avant-bras, terminal mobile à la main, les jeunes femmes prennent ostensiblement la pause. De jour comme de nuit, elles attirent inexorablement le regard. Celui de jeunes hommes, qui scintille à travers des lunettes XL ou carrées. Des hommes à l'allure extrêmement travaillée ou délicieusement négligée, pour lesquels il est tentant de mener des assauts sur ces demoiselles perchées sur des talons hauts."Scène de vie quotidienne...
Ni blanche, ni noire, la Mode, qu'elle soit onéreuse ou bon marché, est universelle. Or, Elle prétend qu'il y a une distinction à faire en matière de mode, il y aurait des ❝ codes blancs ❞à intégrer. Un instant... La marque anglaise, Burberry, s'inspire de l'imprimé Wax. De plus en plus de photographes de mode et de grandes marques surfent sur "l'ethnique", en s'inspirant de la culture africaine. Est-ce une faute de goût ou tout simplement l'intégration de ❝codes noirs ❞? Elle se trompe sur toute la ligne.
Que je sache, l'expression black-geoisien'a pas encore fait son entrée dans le langage courant. (Encore heureux!)

Affirmer à demi-mot que le streetwear est l'apanage de cette communauté dont la couleur de peau permet de dissimuler des émotions. (Un peu "d'humour"). Les codes du streetwear sont établis par les artistes hip-hop, ambassadeurs de la culture dite urbaine. Les tenues qu'ils portent inspirent les amateurs de mode et les directeurs artistiques des grandes maisons encore plus. Les maisons de luxe n'hésitent pas à aller vers eux. Je me souviens qu'au cours de l'été 2009, Kanye West et la marque au célèbre damier, Louis Vuitton, ont collaboré pour fabriquer une chaussure semi-montante. Quelques mois plus tard, son ami Pharrell Williams lui emboîtait le pas en participant à la fabrication d'une doudoune sans manches en forme de gilet pare-balles signée Moncler. Les établissements de luxe s'approprieraient donc les codes de cette culture dite urbaine, les codes du streetwear, les ❝ codes noirs ❞. Comment est-ce possible? "Elle Magazine, au secours! Rien va plus".

Considérés comme des épiphénomènes, les dérapages à connotation raciale sont désormais légion. L'odeur pestilentielle qui s'échappe de la bouche des auteurs de ces paroles incommode plus qu'elle ne dérange. L'heure est semble t-il à une banalisation de ce genre de propos injurieux, dont la touche/couleur dite humoristique n'est qu'un trompe-l’œil. Il semblerait que Elle ait voulu en faire autant...
Ceci est un article pour rappeler que le style est avant tout une attitude, des faits et gestes qui reflètent une confiance inébranlable en soi, trahissent un accord entre un état d'esprit et les tissus qui nous habillent. Elle ne devrait donc plus nous y reprendre...  

Vous apprécierez vous-même... 

    8 commentaires:

    1. Merci pour cet article. Il est très bien écrit.

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    2. Parait qu'ils ont changé l'article à maintes reprises. J'ai pas vu la première version, mais je trouve celle actuellement en ligne tout aussi abjecte... Sans parler de la "réaction" inutile de la rédac' en chef même pas capable de présenter des excuses en bonne et du forme...
      Merci en tout cas Wivu pour ce bel article!

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    3. L'article a effectivement été modifié à plusieurs reprises. Mais le mal est déjà fait.
      Merci à vous d'avoir lu et apprécié notre article.

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    4. J'ose me demander c'est quoi le pire entre la version originale de l'article, ses soi-disant versions "corrigées" ou "transformées", et cet absurde pinceau à blush rose que nous découvrons en lieu et place d'excuses via le site de Elle...?
      Le poids de nos cicatrices nous aura certes appris à panser nos plaies, mais plus jamais en silence...
      Super article WIVU,!!! Je pense que tous les "black-geois" diront comme moi en le lisant: "Merci là bas"!!!!

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    5. Très déçu par ce magazine, la communauté noire n'est absolument pas représentée à travers cet article.Je n'est guère envie de lire d'autres torchons de ce genre...

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    6. Tout autant déÇu que vous d'autant plus qu'avant de mettre ce "beau" pinceau à blush rose, ils n'ont pas pris la peine de s'excuser en bonnes et dues formes...

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