Oubliez tout ce que vous avez pu entendre ou lire sur Kanye West, au cours de ses deux dernières années.
Oubliez surtout ce fameux incident survenu lors des MTV Music Video Awards 2009 où il interrompit la jeune Taylor Swift, avant de se faire traiter de crétin par Barack Obama, en personne.
Même s'il est passé maître dans l'art de la provocation, le natif de Chicago est avant tout un artiste, au sens propre du terme, quelqu'un qui s'approprie une part de la réalité pour la sublimer. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à écouter l'album qu'il vient de sortir, My Beautiful Dark Twisted Fantasy.
La première fois que j'ai entendu parler de cet opus, au titre qui ne laisse aucun doute quant à l'égo de l'interprète, j'ai fait la moue et je me suis dit qu'est ce qu'il va encore nous sortir celui-là.
Il faut dire que le précédent album m'avait laissé sur ma faim. L'abus d'Auto-Tune nuit gravement à la santé des mélomanes... J'ai donc repoussé, à maintes reprises, le moment où j'allais soumettre mes oreilles à cette expérience. Puis, vint le jour où j'ai finalement cédé.
Les premières notes commencent. Je me laisse emporter, quand il fredonne "Can We get much higher?". Et je me surprend à reprendre le refrain. Je commence à me demander si la suite sera du même acabit. Et ce qui va suivre est tout simplement...sublime. Les morceaux s'enchaînent, les uns à la suite des autres, sans véritable fausse note.De Gorgeous, sur lequel Kid Cudi pose avec son flow inimitable, en passant par l'entraînant Power , ou encore All of the Lights, parti pour devenir un classique au même titre que Flashing Lights, ou même Monster, dont le casting est monstrueux, mais aussi Runaway, sorte de ballade mélo-dramatique qui rappelle Heartless, nombreuses sont les sources de satisfaction.
Une fois l'album entièrement écouté, je n'ai pu m'empêcher de me dire que le protégé de Jay-Z est enfin sorti de l'état comateux dans lequel il avait plongé, pour nous offrir ce concentré de tubes. Il s'est réveillé, plein d'énergie, de hargne, et cela se sent, ou plutôt, s'entend. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à écouter la façon dont il rappe. Oubliez le monsieur incapable de rivaliser avec Mos Def, qui, il est vrai, est un maître dans l'art délicat de l'improvisation. C'est comme si, après avoir longtemps titubé, trébuché, il tient enfin debout.
C'est avec une joie, à peine dissimulée, que j'écoute, chaque jour cet album. Inutile de vous préciser ce que j'écoute, au moment même où j'écris cet article...
Il n' y a pas si longtemps, un ami très proche m'a dit :"Le hic avec cet album, c'est qu'il va vite te saouler. Tu verras"
Vous apprécierez vous-même...
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